Principes de la Cosmoarchitecture

Sénamé Koffi A.
3 min readMar 17, 2020

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La “Grille en 8", sename k. a. & Manuel Bueger, 2018, ZKM, Digital Imaginaries.

Une cosmoarchitecture est une “architecture — Monde”, c’est à dire ensemble l’éthique et la politique de prendre en charge par le même geste de bâtir et l’habiter qu’il prescrit : la communalité du vivant, les différentes échelles, l’unité du spectre et l’équilibre.

La cosmoarchitecture est un nouveau contrat de la parenté procédant d’un anthropocentrisme non clivé de la totalité. Aussi tisse t-elle avec son environnement. Tout le vivant y a abri. De part en part, la traverse l’idée d’une solidarité par delà les générations et que les actes posés aujourd’hui doivent laisser de la marge de manœuvre à l’avenir… Elle n’introduit pas de rupture dans l’habitation du monde… même pas celle, dans la modernité, de l’exister (au sens d’un séjour terrestre) d’avec le sein maternel et la tombe. En un sens elle invite à une considération plus générale, fondamentale de l’habiter : une manière d’être au monde qui excède largement le domaine du logement en fixant pourtant que les conditions de l’installation et la logique fonctionnelle la préfigurent. Aussi le bâtir est-il d’emblée pris dans un faisceau complexe de relations et de responsabilités qui pour alternativement se débrouiller ou se nouer par endroits mobilise souvent du rituel. Préfigurée par la société de tradition, la cosmoarchitecture est une modalité du “Système du monde” qui s’oppose à l’approche civilisationnelle “moderne” des installations humaines.

Elle engage ainsi idéalement, la cosmoarchitecture, par ses moyens, le “ vivre ensemble” dans son acuité la plus contemporaine.

L’habitat et l’installation africains anciens sont rigoureusement structurés par huit (8) principes : la permanence de figures de la gestation, l’anthropomorphisme pédagogique des moyens, la différentialité fondamentale, le mouvement et l’ordre en révolution et fractales, l’accomptabilité en panoptique, les désirs de totalité et d’unité. Leur constance et la combinatoire font de l’architecture une façon d’ “ethnomathématique”.

Système de la “Grille en 8”, 2018, ZKM

On peut établir correspondance de ces principes avec des enjeux contemporains : gestation = Durabilité / anthropomorphisme = Responsabilité / différentialité = Égalité / giration = Équilibre / fractale = Démocratie / panoptique = Solidarité / totalité = Inclusion / Unité = Cohésion.

Dans le bâtiment, il y a une inextricabilité des principes. Durabilité, responsabilité, égalité, équilibre, démocratie, solidarité, inclusion, cohésion participeraient ainsi dans l’esprit africain, d’un seul mouvement dont l’habiter pourrait être la modalité

La “Grille en 8” explicite les principes d’organisation spatiale qui réalisent le canon africain et pourraient garantir : “Durabilité”, “Responsabilité”, “Égalité”, “Équilibre”, “Démocratie”, “Solidarité”, “Inclusion” et “Cohésion” de l’architecture. C’est un système outil à destination des jeunes architectes.

Suivant le point de vue de Heidegger, la maison traditionnelle apparaît non pas la « machine à habiter » (Le Corbusier) mais plutôt une machine à apprendre à habiter !

sename k. a, Mostra Internazionale d’Architettura #17, 2020

L’installation à Venise est pédagogique avant que d’engager un horizon de ‘design’. Elle conceptualise plus qu’elle ne modélise : “l’habitation responsable”. Elle emprunte son vocabulaire à l’architecture négroafricaine. L’objectif est de littéralement “lever le voile” sur les éléments constitutifs de ce qui pourrait être une ontologie africaine et montrer en quoi il conceptualise une réponse valable aux enjeux contemporains du vivre ensemble. En cela elle est l’effort de la réalisation d’un épistémè c’est à dire quelquechose d’où on peut extraire les éléments d’un savoir.

#olamayio 2020

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